Luc Victot

J’ai grandi dans une banlieue triste en cultivant le souvenir du soleil de Navarre, bonheur perdu des premières années de ma vie. M’échapper. Dans les livres, bibliothèques roses, vertes, remplies des couleurs qui manquaient autour de moi. Dans les drogues, l’alcool, la fête… dans des études de psycho, philo, ethno… au théâtre, au Soleil toujours, avec Ariane Mnouchkine… au cinéma avec Cyril Collard, en écrivant des courts, des documentaires… en Inde, pour étudier le bouddhisme, le sanskrit, le hindi, la vie, la mort… au CICR, interprète au Cachemire, au Népal, en Afghanistan, au Pakistan. La dépression, tout, trop vite. On se pose en Suisse, pour faire des enfants, une maison, un boulot normal, des horaires.

J’ai toujours écrit. Sur une table. Écrire. Cris. Rire. Vivre pour avoir quelque chose à vivre. Pour ne pas se tourner autour. Un premier roman brouillon. Un deuxième avec trop à cacher. Un troisième plus construit. Et puis Hakakor, créer un monde. Un vrai bonheur, facile. Je retrouve la puissance des romans d’aventure. En filigrane, à mon insu, mes personnages racontent ma haine des guerres et des tyrannies. Cicatrices de mes rencontres avec les bourreaux de chair et de sang perpétrant leurs crimes à chaque bout du monde. L’aventure et la force de mes personnages transportent l’espoir d’un monde imaginaire vers un réel que je cherche. Soigner les âmes comme je soigne les corps.